Entre septembre et décembre 2017, je suis partie en mission pour Francophonia Liban à Sebeel, dans les montagnes du Nord Liban. C’est une de plus belles expériences de ma vie.

Cette mission représentait un sacré défi. Bien que l’association ait l’habitude d’envoyer des volontaires pour des camps de jeunes entre Français et Libanais l’été, c’était la première fois qu’elle permettait une mission de plusieurs mois. Comment mettre à profit ces trois mois et demi sur place ?

Tout était à inventer en quelque sorte en gardant pour objectif de promouvoir la francophonie. Cette liberté d’initiative m’a beaucoup plu et motivée. Après avoir prouvé mon sérieux et ma motivation les deux premières semaines de mon séjour, j’ai eu vraiment eu carte blanche pour mettre en œuvre quelques idées. J’étais impliquée dans le milieu scolaire (à la fois dans l’école publique de Rachel Eddé qui enseigne de la maternelle au brevet et dans le lycée Assad Sebaali) et à la bibliothèque municipale.

Dans les écoles, je voulais avant tout représenter une présence vivante et dynamique du français, j’étais à la disposition des élèves et des professeurs. Mais ce n’était pas suffisant, les uns n’osant pas venir me parler et les autres, trop occupés par l’obligation de finir le programme à temps. Il fallait donc proposer des temps d’échange. C’est pourquoi je suis intervenue dans les classes, surtout pendant les périodes de français pour parler avec les élèves de la France, faire des exercices de français, ou même lire une histoire. Tout dépendait de leurs besoins et de ce que souhaitait le professeur. Je me suis également chargée de la bibliothèque de l’école. Pendant les récréations, les élèves pouvaient venir emprunter un livre de leur choix et l’emporter à la maison pendant une semaine. Je les guidais dans leur choix, en faisant attention à leur niveau de français. Les contes, les bandes dessinées et les séries des « Cabanes Magiques » et des Winx étaient les plus convoités !

Au lycée, j’intervenais surtout en première L, invitée par le professeur de français à introduire les thèmes d’étude du programme. J’ai ainsi fait des exposés de culture générale sur l’amour, la fuite du temps, l’art engagé, la francophonie, etc. Je voulais leur donner les clés de compréhension des textes qu’ils allaient étudier, les principales références auxquels les Français pensent quand on évoque ces thèmes. Expressions, tableaux, chansons, poésie, événement historique, j’essayais de mon mieux de varier les supports. Mes interventions ont remporté un franc succès (évidemment, il y a toujours le charme de l’exotisme qui joue !). Je dois dire que ma formation en prépa littéraire et mon année en école de commerce m’ont donné les outils nécessaires pour ces présentations : culture générale, réflexion, efficacité, maîtrise de PowerPoint, aisance orale, tout m’a servi !

A la bibliothèque, j’avais deux missions : réorganiser la bibliothèque et animer des activités le samedi pour les enfants. La bibliothèque, ouverte depuis des années, méritait un peu de rangement, de tri et de réorganisation en profondeur ! On ne s’y retrouvait plus : sur une étagère, un roman de la Bibliothèque rose pouvait côtoyer aussi bien un livre en italien qu’un guide touristique. Salle par salle, on a repris un à un chaque livre. Fallait-il le garder ? Qui le lirait ? Où était sa place ? Etait-il rentré dans la base de données de l’ordinateur ? Etait-il protégé et étiqueté ? Ce travail était assez fastidieux mais tellement important. Désormais, il est beaucoup plus facile de trouver son bonheur dans cette bibliothèque suprenamment riche. Tout est rangé par catégorie (jeunesse ou adulte), par langue, par type de livres (album, conte, roman, livre spécialisé) et par thème (littérature, histoire, mathématiques, arts, etc). Ainsi, même si la bibliothécaire n’a pas une connaissance approfondie sur l’art roman en France, elle sait où devrait être rangé le livre si quelqu’un en a besoin.

Le samedi, on organisait des activités pour des enfants du primaire. Lecture de conte, chansons, coloriage sur fond de musique classique, jeux de calcul mental et bricolage étaient au programme. Nous avons également décidé de profiter de ma présence pour lancer un concours de lecture. Chaque samedi, les enfants pouvaient emprunter des livres qu’ils emportaient à la maison et le samedi suivant, ils devaient me raconter l’histoire et je leur demandais tantôt de lire tel passage à haute voix, tantôt de m’expliquer tel mot. Le but était de leur donner le goût de la lecture et de leur donner quelques bonnes habitudes, comme celle de chercher un mot inconnu dans un dictionnaire. Les enfants étaient très enthousiastes, tous voulaient le cadeau qui récompenseraient les vainqueurs !

Enfin, j’ai eu l’occasion de visiter une grande partie du pays. Josiane Torbey, membre de Sel de la Terre, l’association partenaire de Francophonia Liban à Sebeel et épouse du maire du village, ainsi que d’autres amis du village m’ont emmenée voir les trésors des montagnes, de la Vallée Sainte, de la côte, de la capitale et du Sud ! Le Liban est un concentré de géographie et d’histoire méditerranéenne (sans parler de la gastronomie !).

 

Voilà comment s’est passé ma mission à Sebeel.

Jamais je n’oublierai les rencontres que j’y ai fait et la confiance qu’on m’a accordée, je reviendrai un jour !

 

Clémence, 20 ans